Spectacles
Lecture autour du livre "Ce que j‘ai vu à Auschwitz..."
La publication des cahiers d’Alter Fajnzylberg (1911-1987), forcé d’intégrer pendant près de deux ans le Sonderkommando d’Auschwitz et de Birkenau, constitue une contribution exceptionnelle à l’histoire de la Shoah. Ces écrits inédits, rédigés en polonais à son arrivée en France, entre l’automne 1945 et le printemps 1946, dans l’urgence de dire ce qu’il avait vu dans les camps, furent alors enfouis dans une boîte à chaussure - comme un secret brûlant. Il a fallu des décennies à son fils unique Roger pour les extirper du passé, les faire transcrire, traduire, et les contextualiser grâce à l’aide de l’historien Alban Perrin. Un témoignage d’autant plus important que les rescapés du Sonderkommando sont très rares, les nazis ayant veillé à éliminer tous les témoins directs de leur abominable entreprise.
Né à Stoczek, en Pologne, dans une modeste famille juive, militant communiste dès son plus jeune âge et emprisonné pour cela, Alter Fajnzylberg s’engage dans les Brigades internationales en Espagne en 1937, y est blessé et hospitalisé. Interné par la suite dans les camps de réfugiés d’Argelès, Gurs et Saint-Cyprien, il finit par s’échapper, est arrêté en 1941 à Paris par la police française, emmené à Drancy puis Compiègne, et fait partie du premier convoi de déportés juifs envoyé de France vers Auschwitz fin mars 1942. Il est bientôt plongé dans le centre le plus obscur du processus d’extermination : le transport des cadavres dans le Krematorium. Jamais résigné devant l’horreur, il mène des activités de résistance et s’associe notamment à la prise de quatre photos pour alerter le monde extérieur. Dans la dernière partie du livre, Roger Fajnzylberg, fils unique né en 1947, active sa mémoire pour faire revivre l'extraordinaire destin de son père, et l’existence frugale de la famille que celui-ci a fondée avec sa femme Régine - elle-même rescapée des camps - dans les quartiers populaires de Paris.
Dédicace de Roger Fajnzylberg